La traversée du Pacifique avec nos 4 moussaillons

 Du 12 février au 13 mars

 

Et voilà, après une longue période de ravitaillement et de préparation, nous voici prêt à partir pour notre prochaine aventure: la traversée du Pacifique. Une navigation que nous estimons à plus ou moins 30 jours. J’ai donc ravitaillé en frais pour environ 35 jours. 

Dernier ravitaillement en frais

Après plus d’un mois passé entre Panama City et Isla Taboga, nous décidons de mettre le cap sur Isla Contadora dans les iles Perlas afin de se relaxer un peu avant le grand départ. Il n’y a pas de doute, nous sommes fébriles avant ce grand moment, surtout moi et Dom. Après coup, je me rends compte que j’étais même un peu stressée par cette période en navigation loin de tout support extérieur. C’est l’idée d’être responsable de nos 4 enfants pendant toute cette période et de devoir être autonome s’ils tombent malade ou se blessent qui m’angoisse le plus je crois. 

 

Mais bon, la vie étant bien faite, nous avons eu une fuite d’eau que nous avons dû colmater pendant notre période à Contadora qui nous a bien occupé l’esprit et les mains et qui m'a donc empêché de me faire des films catastrophes juste avant le départ. Nous avons partagé notre temps entre cette réparation, le dernier ravitaillement et la plage pour bien nous dégourdir et surtout permettre à nos petits matelots de dépenser leur énergie. 

 

On nettoie les fonds de cales une fois de plus

Le 12 février, on finalise les préparatifs, on profite d’une dernière baignade derrière le bateau, on discute une dernière fois avec nos amis et hop! , c’est l’heure de lever l’ancre et mettre le cap à l’ouest! 

 

Nos premiers milles se font tout en douceur avec une belle brise portante et un courant qui nous fait bien avancer dans une mer douce permettant à notre corps de lentement s’adapter aux mouvements du bateau. Les enfants sont en congés d’école pour les premiers jours question de tous nous permettre de s’adapter et surtout, me permettre et permettre à Dom d’adopter le bon rythme de sommeil.

Nos 2 beaux thons Albacore

Notre passager clandestin

Malheureusement, ce temps calme ne perdure pas et ce que nous avons comme météo est bien loin de ce qui était prévu. Nous adoptons la stratégie de conserver une ligne assez directe vers notre prochain point au sud des Galapagos mais plus les jours avancent, plus nous devons être près du vent (le vent vient donc de l'avant). La vie à bord est de moins en moins confortable. En plus, dès le 3^e jours, un problème électrique fait son apparition, ce qui nous préoccupe toujours un peu même si on sait que nous avons des "back-up". Ma confiance en notre monture ne change pas mais, dans ces périodes, j’ai besoin d’écrire plus souvent pour me permettre de relativer tous ces éléments. Il demeure que nous sommes en autonomie pour les 4 prochaines semaines avec peu d’option d’aide extérieur. 

 

Quelques jours plus tard, sous les conseils de mon frère qui fait notre vigie à terre et nos réflexions, nous décidons de mettre le cap au nord des Galapagos plutôt qu’au sud comme prévu initialement. Ce petit changement de cap, fait toute la différence sur le confort à bord et le moral des troupes par le fait même. Les gars font ça comme des champions. Ils réalisent quelques activités scolaires de leur choix chaque jour, jouent et réalisent un ou 2 courts quarts de surveillance. Franchement, côté résilience et adaptation, ils sont dures à battre! 

Mon aide cuisinier pour un bon gâteau aux bananes!!

Projet de reconstruction de bloc en plan

Ça étudie à bord

Après le passage des Galapagos, nous retrouvons, quelques jours plus tard les fameux Alizés. La vie à bord s’en trouve encore plus améliorer. On met en place un petit rituel d’apéro « thé glacé » avec les gars qui nous permet de discuté et voir comment chacun va à chaque jour. Les moments où moi et Dom sommes debout en même temps se font quand même rare avec nos nuits courtes dû aux gardes. C’est donc très agréable d’avoir ces petits moments qui nous permettent de se retrouver. 

 

Du reste, les jours s’écoulent rapidement. Entre petites corvées à faire le matin, les siestes, la période d’apéro en fin de pm et les quarts de nuit, je ne vois pas le temps passé. La routine s’installe dans notre petit cocon familiale loin de toutes les préoccupations extérieurs. Notre attention est presque à 100% consacré à nous 6 et Darwin Sound. Le monde extérieur n'existe plus pour nous!

Un des beaux couchés de soleil de la traversée

Les boulangers en action

À partir du 21e jours, déjà, on sent la fin de la navigation qui approche. Autant Moitessier ne se sentait pas prêt à retourner à terre après son premier tour du monde, autant, je me sens prête à toucher terre. Je crois que la fatigue commence à être de plus en plus grande et l’envie de voir ces Marquises duquel j’ai tant rêvé, y est probablement pour quelques choses. 

 

Les dernières journées me paraissent plus longue, l’inquiétude des batteries et la fatigue y sont certainement pour beaucoup. Les garçons sont toujours aussi patient et trouvent tous les moyens de s’amuser pendant cette période. En même temps, j’aime beaucoup les périodes de quarts de nuit à observer des étoiles que je n’avais jamais vu auparavant et à réfléchir. J’aime aussi les moments que nous nous offrons à tous les 6 ainsi que ceux que nous prenons moi et Dom à chaque fin de pm pour discuter autour d’une tasse de thé glacée.

 

Au réveil, le 13 mars, la terre est en vue, c’est Ua Huka que j’aperçois la première. Il ne nous reste que quelques heures de navigation et nous y serons enfin. Les émotions sont fortes, l’excitation d’enfin arrivée, la fierté d’avoir accomplie ce défi, le bonheur de voir cette magnifique terre et l'appréhension de quitter notre petit cocon familial. Plus nous approchons de Nuku Hiva plus les odeurs de la terre nous arrivent, c’est magnifiques, ça sent tellement bon! Wow! J’ai de la difficulté à quitter la planche d'étrave de Darwin Sound! J’ai juste envie d’admirer ce spectacle qui s’offre à moi. Les gars sont très excité aussi, tous les 5! Mais attention, ce n’est pas encore le temps de baisser notre garde. Il faut demeurer vigilant jusqu’à ce que nous soyons bien ancré.

Nuku Hiva

Nuku Hiva

Je profite du moment et de son intensité

Mon lieu préféré à l'approche d'une nouvelle îles

Petite surprise lorsque je tente de nous mettre en marche arrière pour nous ancrer, le bateau ne recule pas…. La transmission reste au neutre… Bon à force de quelques tentatives, on finit par réussir. Nouvelle ombre à l’horizon mais pour l’instant on s’en fou, on savoure l’accomplissement de cette navigation. 

Nos faces de sentiment du devoir accomplie😄

 

Une fois bien ancré et reposé, on découvre que le problème de batterie en était un de corrosion sur des connexions électriques difficilement accessible en navigation! Youpi, excellente nouvelle! Du côté de la transmission, Dom mettra 3 semaines à trouver le réelle problème. Nous avons la chance d’avoir un système mécanique qui se répare par nous même à force de recherches et de consultations d’ami qui s’y connaisse, Guillaume, capitaine du Cheers pour ne pas le nommer! Il s’avère que c’est une simple goupille dans la transmission qui était en train de céder. Depuis son remplacement, la transmission fonctionne à merveille! Merci encore à notre conseiller technique Guillaume et à la patience et persévérance de notre capitaine dans ce «troubleshooting».